La spécificité de l’autisme au féminin : une perspective scientifique

Nous vous en faisions une parenthèse dans un article précédent, au sein de la question de l’autisme il existe une particularité que l’on suppose sous-diagnostiquée, les troubles autistiques et apparentés chez les femmes et petites-filles.

Historiquement, la recherche sur l’autisme s’est principalement concentrée sur les populations masculines, conduisant à une compréhension limitée des manifestations spécifiques chez les femmes. Cette lacune a souvent entraîné des diagnostics tardifs ou erronés chez les femmes autistes, les privant d’un soutien approprié. Cet article vise à explorer les particularités de l’autisme au féminin, en s’appuyant sur des études scientifiques récentes et fiables.

Les premières estimations suggéraient un ratio de 4 à 5 hommes pour une femme diagnostiquée avec un TSA. Cependant, des recherches plus récentes indiquent un ratio plus proche de 3 pour 1, suggérant que de nombreuses femmes autistes restent non diagnostiquées ou sont mal diagnostiquées. Cette sous-représentation féminine peut être attribuée à des critères diagnostiques basés sur des présentations masculines de l’autisme, négligeant les manifestations distinctes chez les femmes.

Les femmes autistes démontrent souvent une motivation sociale plus prononcée que leurs homologues masculins. Elles peuvent développer des stratégies de “camouflage” pour masquer leurs difficultés sociales, en imitant les comportements neurotypiques ou en s’appuyant sur des scripts sociaux. Si ces stratégies facilitent une apparente adaptation sociale, elles peuvent entraîner une fatigue mentale accrue et des troubles de l’identité.

Contrairement aux stéréotypes associés aux intérêts restreints des personnes autistes, les femmes peuvent développer des passions pour des sujets socialement acceptés, tels que la littérature, les animaux ou les relations interpersonnelles  . Cette différence peut contribuer à la sous-identification de l’autisme chez les femmes, leurs intérêts n’étant pas perçus comme atypiques.

Les femmes autistes présentent fréquemment une hypersensibilité sensorielle, notamment au niveau du toucher, de la luminosité et des bruits de fond. Cette sensibilité accrue peut affecter leur quotidien et leur bien-être, nécessitant des aménagements spécifiques.

Les femmes autistes sont plus susceptibles de présenter des comorbidités telles que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), l’anxiété, la dépression et des troubles alimentaires comme l’anorexie. Ces conditions peuvent masquer les symptômes autistiques, compliquant ainsi le diagnostic précis du TSA.

Plusieurs facteurs contribuent aux obstacles diagnostiques chez les femmes autistes :

    •    Camouflage social : Les stratégies d’adaptation peuvent masquer les signes cliniques traditionnels de l’autisme, rendant le diagnostic plus difficile.

    •    Biais des outils diagnostiques : Les instruments actuels sont souvent calibrés sur des manifestations masculines de l’autisme, ce qui peut conduire à une sous-identification chez les femmes.

    •    Stéréotypes de genre : Les attentes sociétales concernant les comportements féminins peuvent conduire à une minimisation ou une mauvaise interprétation des symptômes autistiques chez les femmes.

L’absence de diagnostic précoce prive les femmes autistes d’interventions adaptées, exacerbant les difficultés sociales, professionnelles et personnelles. De plus, le recours constant au camouflage peut entraîner une détérioration de la santé mentale, augmentant le risque de dépression, d’anxiété et d’épuisement.

Pour améliorer la reconnaissance et le soutien des femmes autistes, il est essentiel de :

    •    Adapter les outils diagnostiques : Développer des instruments prenant en compte les manifestations spécifiques de l’autisme chez les femmes.

    •    Former les professionnels de santé : Sensibiliser les cliniciens aux particularités de l’autisme féminin pour favoriser des diagnostics précoces et précis.

    •    Soutenir les femmes autistes : Proposer des interventions ciblées, incluant des approches thérapeutiques pour gérer le camouflage et les comorbidités associées.

Nous pouvons conclure en disant que la reconnaissance des spécificités de l’autisme au féminin est cruciale pour offrir un diagnostic précis, le plus précoce possible et offrir un soutien adapté aux femmes concernées. Une approche inclusive et informée permettra de combler les lacunes actuelles et d’améliorer la qualité de vie des femmes autistes.

•    Comprendre l’autisme. (s.d.). Une infographie sur les femmes autistes : principales spécificités. Récupéré de https://comprendrelautisme.com/une-infographie-sur-les-femmes-autistes-principales-specificites

•    Revmed.ch. (2024). Trouble du spectre de l’autisme au féminin : Comment le genre opère-t-il ? Revue Médicale Suisse, 880. Récupéré de https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2024/revue-medicale-suisse-880/trouble-du-spectre-de-l-autisme-au-feminin-comment-le-genre-opere-t-il

•    Université de Sherbrooke. (2023). Autisme au féminin : Recension des écrits. Récupéré de https://www.usherbrooke.ca/readaptation/fileadmin/sites/readaptation/documents/Symposium/2023/transfert_connaissance_etudiants/Autisme_au_feminin_Recension_des_ecrits_gr11.pdf