La Maison Du Bilan, Neuropsychologie et psychologie clinique à Paris 9

La perception sociale de l’autisme à travers les cultures


Malgré le fait que les troubles autistiques puissent se présenter quelque soit le pays ou la culture, la manière dont l’autisme est perçu, diagnostiqué et géré varie considérablement selon les cultures. Ces différences influencent non seulement les opportunités d’intervention et d’inclusion, mais également la qualité de vie des personnes autistes et de leurs familles. Cet article explore en profondeur la perception sociale de l’autisme à travers les cultures, en mettant en lumière les défis, les malentendus et les avancées observés dans différentes parties du monde.

1. Les perceptions occidentales : un spectre d’acceptation et de stigmatisation

Dans les pays occidentaux, comme les États-Unis, le Canada, la France et les pays nordiques, l’autisme est largement reconnu comme une condition neurodéveloppementale nécessitant une intervention précoce et des soutiens éducatifs. Les politiques publiques dans ces régions tendent à favoriser l’inclusion scolaire, le dépistage précoce et les thérapies comportementales. Cependant, malgré ces progrès, des idées fausses persistent :

    •    Méconnaissance des subtilités du TSA : Bien que les campagnes de sensibilisation aient amélioré la reconnaissance du TSA, des stéréotypes simplistes demeurent. Par exemple, les médias mettent souvent en avant des individus autistes avec des talents exceptionnels (comme les savants autistes), marginalisant les personnes avec des besoins complexes.

    •    Stigmatisation persistante : En France, une enquête récente montre que 30 % des personnes interrogées perçoivent encore l’autisme comme un trouble psychologique, reflétant une méconnaissance de ses origines neurodéveloppementales.

    •    Accès inégal aux ressources : Même dans des pays où des politiques inclusives sont en place, les ressources pour les personnes autistes diffèrent selon les régions, ce qui accentue les inégalités.

2. Afrique et Moyen-Orient : entre traditions et approches modernes

Dans de nombreuses régions d’Afrique et du Moyen-Orient, les perceptions de l’autisme sont façonnées par des croyances traditionnelles et religieuses, mais également par un accès limité aux ressources médicales modernes.

a. Afrique subsaharienne

En Afrique subsaharienne, l’autisme est souvent mal compris. Dans certains cas, les comportements associés au TSA, tels que l’absence de contact visuel ou les crises émotionnelles, sont interprétés comme des signes de possession spirituelle ou de sorcellerie. Ces croyances peuvent avoir des conséquences graves :

    •    Les familles peuvent être ostracisées ou accusées de ne pas avoir respecté des normes sociales ou religieuses.

    •    Les enfants autistes sont parfois soumis à des pratiques de guérison traditionnelles, comme des exorcismes, ce qui retarde ou remplace les interventions thérapeutiques.

Cependant, des progrès sont observés. Par exemple, des ONG et des organisations locales sensibilisent les communautés rurales, introduisant des approches modernes fondées sur des preuves pour le diagnostic et la prise en charge.

b. Moyen-Orient et Afrique du Nord

Au Maroc, en Égypte et dans d’autres pays d’Afrique du Nord, les discours sur l’autisme oscillent entre les approches scientifiques et les croyances culturelles. Certaines familles attribuent encore l’autisme à des causes mystiques ou surnaturelles, tandis que d’autres commencent à accepter des explications médicales. Dans des pays comme les Émirats arabes unis, des initiatives gouvernementales encouragent le dépistage précoce et l’inclusion scolaire, bien que la stigmatisation demeure un défi important.

3. L’Asie : une diversité de perceptions

L’Asie présente une diversité de cultures et de perceptions concernant l’autisme, allant de l’acceptation progressive à des stigmates persistants.

a. Japon et Corée du Sud

Dans ces pays technologiquement avancés, les diagnostics de TSA ont augmenté ces dernières décennies grâce à des campagnes de sensibilisation. Cependant, la pression sociale pour se conformer à des normes strictes d’interactions sociales complique l’intégration des personnes autistes. En Corée du Sud, par exemple, les familles peuvent hésiter à faire diagnostiquer leurs enfants par crainte de stigmatisation.

b. Inde

En Inde, l’autisme reste souvent méconnu, en particulier dans les zones rurales. Les comportements atypiques sont parfois perçus comme des manifestations de troubles mentaux ou spirituels. Cependant, dans les zones urbaines, des centres spécialisés et des initiatives éducatives ont vu le jour, bien qu’ils restent accessibles à une minorité.

4. Les cultures indigènes : une vision différente de la neurodiversité

Les cultures indigènes, comme les peuples autochtones des Amériques ou les Aborigènes d’Australie, adoptent souvent des perspectives uniques sur la neurodiversité. Plutôt que de considérer les différences cognitives comme des troubles, certaines communautés les interprètent comme des dons ou des capacités spéciales. Cette approche peut favoriser une meilleure acceptation sociale, bien que l’accès aux services de santé modernes reste limité dans ces régions.

5. Représentation et identité dans les communautés francophones

Dans les communautés francophones, le langage joue un rôle crucial dans la perception sociale de l’autisme. De nombreuses personnes autistes préfèrent des termes comme « personne autiste » pour souligner que l’autisme fait partie intégrante de leur identité. Cette vision contraste avec des expressions comme « personne avec autisme », qui impliquent une séparation entre la personne et le diagnostic.

6. Défis universels et pistes pour l’avenir

Malgré les différences culturelles, certains défis liés à la perception de l’autisme sont universels :

    •    Stigmatisation : Les préjugés envers les personnes autistes persistent dans toutes les cultures, bien que leur intensité varie.

    •    Manque de ressources : Dans de nombreuses régions, les familles ont un accès limité aux services diagnostiques et aux interventions fondées sur des preuves.

    •    Représentation biaisée : Les médias contribuent parfois à des idées fausses en se concentrant sur des cas exceptionnels ou en omettant les défis rencontrés par les personnes autistes avec des besoins complexes.

Des initiatives mondiales, comme celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), visent à harmoniser les approches diagnostiques et à promouvoir une meilleure inclusion. L’éducation du public et la collaboration internationale sont essentielles pour réduire les inégalités.

Conclusion

La perception sociale de l’autisme est profondément enracinée dans les croyances culturelles, les structures sociales et l’accès aux ressources. Si certaines sociétés progressent vers une meilleure acceptation et inclusion, d’autres sont encore limitées par des croyances traditionnelles ou un manque d’informations. Comprendre ces différences culturelles est essentiel pour concevoir des interventions et des campagnes de sensibilisation adaptées, tout en respectant la diversité des contextes locaux. À travers une collaboration mondiale, il est possible de promouvoir une vision plus inclusive et respectueuse de la neurodiversité.

Les sources :

•    Alyzo. (2024). Perception de l’autisme dans le monde : approche interculturelle. Récupéré de https://www.alyzo.fr/blog/perception-de-lautisme-dans-le-monde/ 

    •    Chamak, B. (2018). Modifications des représentations sociales de l’autisme et introduction du concept “autism-friendly”. Récupéré de https://www.researchgate.net/publication/330442822_Modifications_des_representations_sociales_de_l%27autisme_et_introduction_du_concept_autism-friendly 

    •    Couture, M. (2024). L’autisme : l’approche de l’anthropologie de la santé pour mieux soutenir les familles. Acfas. Récupéré de https://www.acfas.ca/publications/magazine/2024/02/autisme-soutien-familles-mere-anthropologie-sante 

    •    Dionne, C., & Paquet, A. (2024). « Avec autisme », « autiste », « sur le spectre », « avec un TSA » : perceptions des adultes autistes francophones concernant les termes les désignant. Annales Médico-Psychologiques. Récupéré de https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448724001732 

    •    Mellier, D., & Moreau, A. (2016). Représentation sociale de l’autisme. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 2016/4(112), 477-504. Récupéré de https://shs.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2016-4-page-477?lang=fr 

    •    Schovanec, J. (2024). Exclusion des personnes autistes. Wikipédia. Récupéré de https://fr.wikipedia.org/wiki/Exclusion_des_personnes_autistes 

    •    Zouggari, A. (2022). Les représentations sociales de l’autisme et son discours étiologique au Maroc. Revue Chercheur, 24, 1-15. Récupéré de https://www.revuechercheur.com/index.php/home/article/download/501/379/1721 


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